Sans Eglise il n'y a pas de chrétiens (Vidéo)



MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Jeudi 15 mai 2014

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 24 du 12 juin 2014)

Entre mémoire et espérance

Jésus n’est pas un héros solitaire venu du ciel pour nous sauver, mais il est le point central et le but ultime de l’histoire que Dieu a commencée avec son peuple. C’est pourquoi le chrétien doit toujours être un homme eucharistique qui marche entre mémoire et espérance; jamais une monade solitaire. En effet, si on ne marche pas avec le peuple, si on n’appartient pas à l’Eglise, la foi est seulement quelque chose d’artificiel, de laboratoire. «Il est curieux que quand les apôtres annoncent Jésus Christ, ils ne commencent jamais par Lui», par sa personne, «en disant: Jésus Christ est le sauveur!».
Non, les apôtres commencent en revanche leur témoignage en partant toujours «de l’histoire du peuple». Et nous le voyons dans le passage des Actes des apôtres (13, 13-25) qui raconte, précisément, le témoignage de saint Paul à Antioche de Pisidie. Ainsi, quand on demande aux apôtres «pourquoi croyez-vous en cet homme?», voilà qu’ils commencent à parler d’«Abraham et de toute l’histoire du peuple». La raison de cette attitude est claire: «Jésus ne se comprend pas sans cette histoire, Jésus est précisément le but de cette histoire vers lequel cette histoire va, marche». Voilà pourquoi «on ne peut pas comprendre Jésus Christ sans cette histoire de préparation vers Lui». Et, en conséquence, «on ne peut pas comprendre un chrétien en dehors du peuple de Dieu». Car «le chrétien n’est pas une monade, là tout seul. Non, il appartient au peuple, à l’Eglise». A tel point que «un chrétien sans Eglise est une chose purement idéale, n’est pas réel!». Nous nous trouvons face à la «promesse de Dieu»: je ferai de toi un grand peuple! Ainsi «ce peuple marche avec une promesse». Et là, entre en jeu la dimension de la mémoire: «Il est important que nous, dans notre vie, nous ayons à l'Esprit la dimension de la mémoire». En effet, «un chrétien est un “souveneur” de l’histoire de son peuple; il est “souveneur” du chemin que le peuple a accompli; il est “souveneur” de son Eglise». Un chrétien est donc un homme qui a «la mémoire» du passé. Dans ce contexte «on ne peut pas comprendre un chrétien seul». Comme, du reste, «on ne peut pas comprendre Jésus Christ seul». En effet, «Jésus Christ n’est pas tombé du ciel comme un héros qui vient nous sauver. Non, Jésus Christ a une histoire!». Et «nous pouvons dire — et cela est vrai — que Dieu a une histoire parce qu’il a voulu marcher avec nous». Voilà alors pourquoi «on ne peut pas comprendre Jésus sans histoire». Et voilà aussi pourquoi «un chrétien sans histoire, un chrétien sans peuple, un chrétien sans Eglise ne peut pas se comprendre: c’est quelque chose de laboratoire, quelque chose d’artificiel, quelque chose qui ne peut pas avoir de vie». A cet égard il est important d’«avoir l'habitude de demander la grâce de la mémoire du chemin qu’a fait le peuple de Dieu». Egalement la grâce de la «mémoire personnelle: qu’a fait Dieu dans ma vie, comment m’a-t-il fait marcher?». Et il faut aussi savoir «demander la grâce de l’espérance qui n’est pas de l’optimisme: c’est une autre chose». Et, enfin, «demander la grâce de renouveler tous les jours l’alliance avec le Seigneur qui nous a appelés». Que le Seigneur, a conclu le Pape, «nous donne ces trois grâces qui sont nécessaires à l’identité chrétienne».

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