"La libre disposition de son corps" par Mgr d'Ornellas, archevêque de Rennes, Dol & St Malo

Parole de Mgr d'Ornellas : « La libre disposition de son corps ? »

L’éducation affective et sexuelle est indispensable pour que chacun ait la libre disposition de son corps.

Que signifie mon corps ? À quelles relations conduit-il ? En vue de quoi est-il sexué ? Quel lien avec le sentiment ou l’attrait affectif ? Pour cela, l’intériorité est précieuse : elle permet à la personne de s’en- gager librement en son corps, sans être esclave de ses caprices et pulsions.



La chasteté est la liberté responsable dans l’amour où les corps de l’homme et de la femme se donnent l’un à l’autre avec tendresse, comme signe de leur mutuel don de soi.

De ce don peut jaillir la vie humaine qui est toujours un don. Certes, nos parents sont « procréateurs », mais notre âme est donnée par Dieu. Son amour infini se joint à l’amour de l’homme et de la femme, pour qu’une nouvelle vie en jaillisse comme un merveilleux « don » voulu et accueilli pour lui- même.

Cette vie surprend parfois car elle n’était pas désirée. Hélas, elle peut aussi venir d’une union vécue sans amour ou avec violence. Chaque vie n’en demeure pas moins aimée de Dieu et confiée à notre commune sollicitude !

La science analyse notre corps en ses dimensions affective, psychologique, sensible et bio-chimique. Elle n’a pas prise sur l’âme qui est esprit. La science est la connaissance la plus étroite, en comparaison de celle de la philosophie ou de l’amour. Une maman m’a confié au sujet de sa fille autiste : « beaucoup de psy sont venus à la maison, mais une seule connaît ma fille, c’est moi ! » Oui, l’amour vrai connaît mieux que quiconque, tout en n’ignorant pas l’apport scientifique. Sans l’amour, le corps est opaque.

Que veut donc dire pour une femme « le droit à la libre disposition de son corps » ?
À propos du débat récent – si court ! – relatif à l’avorte- ment, nous l’avons entendu, répété à l’envie de telle sorte que celui qui posait une question ou émettait une pensée autre était immédiatement catalogué comme « rétrograde ». A-t-on encore le droit de réfléchir et de débattre ? Y aurait-il un « droit » – quasi-absolu – de la libre disposition du corps, qui écraserait le droit de s’exprimer ? Enfermer dans l’étiquette « régression », c’est, de façon violente, interdire le débat, mépriser l’intelligence, et ouvrir la porte aux extrêmes. Or, le vrai débat est source de sagesse et de paix.

Des vulnérabilités sont grandes chez des femmes enceintes. L’ignorer, c’est fermer les yeux sur la réalité. Pourtant, elles attendent d’être accompagnées avec leurs questions pour que, sans faire pression, une information vraie leur soit four- nie. Quelle loi empêcherait que le vrai leur soit dit ? Aucune, en démocratie. Banaliser l’avortement – un acte « lourd » –, c’est l’oublier.

L’éducation affective et sexuelle contribue à apprendre à aimer. Elle conduit à connaître le corps, à en comprendre la signification et à le respecter. Elle permet ainsi la juste liberté – c’est-à-dire responsable – dans l’expression et la disposition de son corps, que l’on soit homme ou femme. Plus cette éducation sera donnée, moins il y aura d’avortements.

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